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Paysage, architecture et supra-chaleur
(Recherche en cours à la Maison de l’Architecture du Centre Val-de-Loire)

L’adaptation de nos générations au changement climatique et la protection des générations futures nécessitent un changement urgent du rapport de l’humanité à son environnement, la Terre, support de son existence.

Ce changement de paradigme concerne bien entendu l’architecture et les paysages urbains et suburbains.

La RE2020 régissant l’acte de construire, reconvertir, restructurer ou rénover est l’un des outils pour réaliser ce changement de paradigme puisqu’elle intègre les “nouvelles“ données climatiques dont les séquences caniculaires.

Cette superfluidité continue de la chaleur lors d’une période caniculaire peut-être assimilée au phénomène de supraconductivité. Pour les paysages et les architectures, cela représente un défi inconnu jusqu’alors.

Nous avons nommé ce phénomène concernant nos paysages, villes et architectures : Supra-chaleur.

L’histoire de l’architecture présente de nombreux et singuliers dispositifs urbains, architecturaux ou d’emploi de matériaux adaptés aux spécificités géographiques, géologiques et climatiques pour offrir un meilleur confort à nos habitats. Mais ce réchauffement climatique n’est pas une “simple“ augmentation de la température, il crée des turbulences à l’image d’une eau portée à ébullition dans une casserole, transformant un échauffement en multiple dérèglements, c’est ce que nous constatons chaque jour et partout sur Terre et que l’humanité découvre

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En conséquence, les paysages et l’architecture vont devoir trouver de nouveaux “réglages“ pour faire face à ces dérèglements climatiques exposant différemment chaque territoire et excluant de fait tout solution “clé en main“.

En urgence, il nous faut donc réfléchir.

C’est pourquoi nous avons lancé au printemps 2021 ce projet de recherche “Paysage, architecture et supra-chaleur“ qui s’appuiera sur l’histoire, les expériences, l’observation et la physique du bâtiment pour dessiner des possibles qui, compte tenu de l’extrême urgence, doivent être applicables immédiatement et cela sans reposer sur d’hypothétiques ruptures technologiques.

Depuis la conférence introductive “Hospitalité vigoureuse“ donnée en octobre 2021, nous avons organisé les premières rencontres de réflexion, débuté les recherches pour constituer un panorama historique, rassemblé des références et aussi confirmé trois constats :
-En ville, cette supra-chaleur est fortement accentuée par ce que l’on nomme Ilot de Chaleur Urbain (ICU)* dont les multiples facteurs, sont tous la conséquence d’une conception totalement inadaptée de la ville et de ses architectures pour garantir un climat confortable aux habitants. Et cela malgré les mises en garde répétées des architectes et urbanistes depuis la seconde moitié du XXe siècle.
-La supra-chaleur est un défi tant cette caractéristique physique d’un fluide thermique chaud continu sur plusieurs jours interroge la conception architecturale, l’emploi des matériaux et la physique du bâtiment.
-Avec le principe de forêts urbaines** se pose au moins une question : Qu’est-ce qui doit former “corridors“ et “coulées“ ; l’eau, la flore, la faune ou le bâti ?

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Crédits

* Le terme îlot de chaleur urbain (ICU) est apparu vers le milieu du XXe siècle pour décrire le phénomène d'élévation de température prenant la forme d’une cloche au-dessus des milieux urbains et suburbains. Il est provoqué par les activités humaines dégageant de la chaleur dont la climatisation ainsi que les formes et matières urbaines et architecturales. En enfermant la chaleur au-dessus des villes, le phénomène s’auto-entretient notamment par l’augmentation des climatiseurs.

** La forêt urbaine comme une conjonction de l’architecture et des paysages urbains et suburbains en fonction des spécificités géographiques, climatiques, faunistiques, floristiques et constructives locales et donc de sa magnifique et heureuse hétérogénéité, demande une plus grande exploration transdisciplinaire.
De très nombreuses études et expériences démontrent que sous la frondaison de plusieurs arbres les températures sont moins élevées, qu’un feuillu portant ombre sur une façade permet qu’elle absorbe moins d’énergie thermique. Enfin, la cerise sur le gâteau, les arbres absorbent du CO2 et sont support d’une riche biodiversité.

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Photos : DR