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Il y a plus de 50 ans, Jean Tschumi (1904-1962), l'un des plus grands architectes suisses de sa génération, disparaissait.
La ville d’Orléans a la chance de posséder sa première œuvre majeure, le laboratoire Sandoz, réalisé en 1953.
Afin de mieux appréhender la qualité architecturale de ce bâtiment menacé de démolition, la Maison de l’Architecture du Centre avait organisé en 2012 plusieurs événements : une exposition dans les locaux de l’Ordre des Architectes du Centre, du 24 mai au 6 juillet 2012, une conférence-débat à la Médiathèque d’Orléans le 23 mai 2012, et une table ronde le 12 juin 2012 dans l’amphithéâtre de la Faculté de Droit-Économie-Gestion d’Orléans.

Après la guerre, la firme de Bâle décide d’implanter à Orléans son plus important site de production en France.
La grande usine de Saint Louis, située au bord du Rhin et fermée en 1940, n’avait pas été remplacée. Pendant la guerre, seules deux petites unités étaient en activité, l’une à Orléans (rue Tudelle) dès 1940, et l’autre à Noisy-le-Sec à partir de 1942. Jean Tschumi avait dirigé les travaux d’aménagement des deux sites.
À la Libération, Sandoz hésitait encore, mais en 1946, Orléans a eu la chance d’être choisie pour des raisons qui mériteraient d’être mieux connues, au vu des conséquences de cette implantation pour l’histoire de la ville et de la région.

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Pour Sandoz, la nouvelle usine devait répondre à deux exigences.

Premièrement, par sa taille, elle devait être capable de répondre à une demande de production à l’échelle de l’Europe.
Les établissements de Saint-Pierre-la-Garenne (produits phytosanitaires) et de Lyon (colorants) conservaient leur spécificité, tandis qu'Orléans devait se consacrer entièrement aux produits pharmaceutiques, en constante progression.
Dès l’ouverture de l’usine, plus de 500 personnes allaient travailler dans des laboratoires spécialisés, dotés d’une haute technicité, avec même une unité de recherche utilisant des animaux de laboratoire.
Cette particularité explique la dimension monumentale inhabituelle du bâtiment.

La seconde exigence concernait l’image de l’entreprise.
Depuis les années 1930, les industriels avaient compris l’importance de la communication.
C’est l’époque de la "corporate architecture", inspirée par les théories du Werkbund allemand. "Qualité architecturale égale qualité de la production industrielle" résume ce courant, tout comme la métaphore de l’architecte autrichien Frederick Kiesler : "la vitrine du magasin est un haut-parleur silencieux".
Pour sa vitrine orléanaise, Sandoz pouvait compter sur ses deux artistes maisons, l’architecte (et décorateur du siège à Bâle) Jean Tschumi et le dirigeant (et sculpteur animalier) Marcel Edouard Sandoz.
1310 plans concernant le bâtiment Sandoz sont consultables dans les Archives Jean Tschumi. Le coût, initialement estimé à 570 millions, est passé à 640 millions sans poser de problèmes. Le permis de construire de l’usine fut délivré en 1949. Le bâtiment terminé a été inauguré solennellement le 2 juin 1953.

Aujourd’hui, le bâtiment abrite le Lab’O Village by CA Orléans, une pépinière pour start-ups. Pour plus d’infos, cliquez ICI.

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Quant à la table ronde intitulée "La réhabilitation des bâtiments industriels du XXème siècle", elle a eu lieu le mardi 12 juin 2012 à 18h00 à l’amphithéâtre Besson, Faculté de Droit, Économie et Gestion de l’Université d’Orléans.
La table ronde a été animée par Richard Scoffier, architecte et professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, avec Agnès Caillau, architecte et présidente de DOCOMOMO France, Dominique Lyon, architecte, et Francis Soler, architecte et Grand Prix National d’Architecture.

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Les architectes invités ont tous une grande expérience en termes de réhabilitation, aussi bien des bâtiments et sites industriels que des bâtiments publics et privés.
Bernard Tschumi est l’auteur du Parc de la Villette, qui a transformé les anciens abattoirs de Paris en espace de sciences et de loisirs, ainsi que de la Factory 798, une restructuration des friches industrielles à Pékin.
Francis Soler a notamment travaillé sur la réhabilitation du ministère de la Culture à Paris, et Dominique Lyon transforme actuellement un ancien sanatorium à Clermont-Ferrand en une École d’architecture.
Agnès Caillau de DOCOMOMO France (seule association internationale pour la préservation des bâtiments de la modernité) apporte une grande expertise en matière de préservation et de réhabilitation des bâtiments modernes des années 1950 et 1960.

Avec cette table ronde, la Maison de l’Architecture du Centre a voulu instaurer un débat public sur la question de la réhabilitation du patrimoine industriel du XXème siècle, en mettant en avant les potentialités des futures réutilisations.

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©
Photos et recherches : Maison de l’Architecture du Centre
Croquis : DR